Quand le croco est comme un orignal

C’était le matin, et j’avais l’impression que le bitume (un mot chic pour dire : asphalte) faisait office d’aimant à chaleur. Il faisait chaud en sacrement, pis j’ai pas souvenir avoir vécu une chaleur du genre à un autre moment de ma modeste vie. Qu’à cela ne tienne, armé chacun de quatre litres de liquide (un espèce de mix dilué de Gatorade qu’on avait concocté avant de partir), on a affronté le soleil et ses celsius. Pis au bout d’environ 2h30 de marche, on est revenus presque bredouille d’un liquor store. Comme quoi on ne peut pas gagner chacune de nos batailles.

J’ai bondi sur l’occasion pour me « dévierger » l’autobus rouge

Pour nous permettre de visiter le plus possible, dans le peu de temps qu’on avait à notre disposition, mon partenaire de voyage avait suggéré d’embarquer dans les autobus rouges. Vous savez, celles pour les touristes ? J’ai bondi sur l’occasion pour me « dévierger » l’autobus rouge, n’ayant jamais vécu cette rocambolesque aventure. Rocambolesque ? Elle le fut un peu ! Tellement que l’autobus est tombée en panne, en plein milieu d’une côte.

Face à cette situation inusitée, on est sautés sur nos jambes. De toute façon, c’est pas supposé être dangereux, le Panama. Même les pancartes, qui annoncent humoristiquement la présence de crocodiles dans les parages, sont là pour vous rassurer. Me disant que rien de tout ça n’était sérieux, je suis parti à rire et j’ai continué mon chemin.

 

(…)un crocodile, arborant son plus beau sourire plein d’appétit

Deux secondes plus tard, un crocodile, arborant son plus beau sourire plein d’appétit, juste l’autre bord de la clôture. Tout pour convaincre n’importe quel aventureux Don Juan de ne pas la sauter, pour une fois ! Le croco est à Panama City ce que le kangourou est à l’Australie, et ce que l’orignal est au Parc des Laurentides. Et quand j’y pense, je crois bien avoir mangé des trois, dans ma vie !

On est revenus comment, à notre hôtel ? Avec une autre autobus rouge, regardant, au loin et le coeur plein de nostalgie, notre premier conducteur en train d’essayer de faire fonctionner le moteur de sa machine, abandonné de tous.

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