Marine plissait légèrement les yeux, son réveil venant d’être dérangé par son adorable père. Il était cinq heures du matin, et nous avions quatre heures de route à faire pour arriver à notre destination. Joyeuse comme à l’habitude, elle ne se préoccupait pas des pronostics météorologiques de 80 % de risques d’orage, à l’heure précise où nous étions supposés arriver au Machu Picchu. À son âge, la sagesse innée lui dictait que le prochain bol de porridge avait plus d’importance que Météo Média.

Arrivés à la gare de Péru Rail, je sors mon Canon G16. Ce dernier m’accompagne dans mes folies depuis 6 ans, du désert du Pakistan aux temples d’Angkor, en passant par je ne sais plus trop combien de pays. Je presse le bouton On. Un message d’erreur apparaît, me faisant comprendre que ses jours étaient terminés, sans se préoccuper que nous avions une merveille du monde à immortaliser. Avant d’avoir le temps de devenir soucieux, je me retourne vers Julie et Marine. Cette dernière me montre gaiement ses huit dents, me rappelant candidement le caractère probablement futile de mes vidéos de voyage.

Il est midi lorsque nous pénétrons le site Incas le plus visité au monde. Marine, qui venait de combler tous ses besoins primaires dans le train, questionnait le paysage du regard. Elle était prête pour notre photo souvenir de famille sur un pic surplombant la cité du Machu Picchu. Enveloppé de nuages lui donnait un effet mystique, l’endroit avait définitivement un effet grandiose.

Quelques pas plus loin, je sens sur moi la respiration de Marine devenir plus lente et régulière. L’altitude semblait signifier sa présence à ma fille, qui venait de s’endormir pour le reste de la visite du site. Deux heures et demie plus tard, c’est assis dans un restaurant aux pieds de la citée que la météo nous a remémoré les prévisions de pluie. Un orage, sincère et bruyant, s’est mis à frapper le secteur avec quelques heures de retard, donnant à Marine raison de ne pas s’en être soucié.
