« C’est tu toujours malade comme ça, les hostel ? »

20h. J’étais assis dans l’avion, direction Montréal. La fiesta mexicaine tirait à sa fin. Signe du temps et peut-être par nécessité de sevrage, la compagnie aérienne n’avait que de la bière light à nous offrir. Quatre jours auparavant, on passait pourtant notre avant-dernière soirée à San Cristobal de las Casas. La soirée free mojitos savamment organisée par notre hostel embrumait les esprits autant que la tentative d’ignition du feu de camp. Un fantastique hippie, arborant fièrement sa veste Art’téryx flambant neuve, s’évertuait à étouffer les flammes tout en affichant sa plus belle attitude de Joe Connaissant. Il avait tout de même le mérite de nous rappeler que l’habit de hippie ne fait pas l’allumeur de feu.

« C’est tu toujours malade comme ça, les hostel ? » me demandait Gab, les yeux brillants d’une envie d’en visiter d’autres, le plus vite possible. Sirotant mon breuvage et tentant d’être plus intéressant que les créatures de son âge qui déambulent autour de lui, j’essaie de lui expliquer quelque chose comme une évidence. Il y a de ces endroits, dans le monde, où pour une raison scientifiquement non démontrée, les voyageurs s’accrochent les pieds et des endroits comme où nous nous trouvons se créent.

Après quelques minutes, je sens que je me suis perdu dans mon sermon comme il m’arrive si souvent de le faire. Éric est rendu en train d’approfondir ses connaissances sur l’Afrique du Sud et je vois dans le regard de Gab qu’il avait saisi mon point 15 secondes après le début de mon interminable oraison. Y’a deux options : le kid est quick, ou mon petit mojito m’a rendu trop bavard. Peut-être y’avait-il un peu des deux, aussi !

« Hey, on peut pas dire que c’est laid, ça ! ». Gab est assis à côté de moi dans l’avion. Depuis la soirée free mojito, le temps s’est envolé plus rapidement que notre Boeing. Pendant quelques minutes à travers le hublot, Gab regarde le soleil se coucher à l’horizon, un peu émerveillé. Après Julie, j’ai comme le feeling que Vinyle Mobile a créé sa deuxième victime. Mission accomplie, qu’en dîtes-vous ?