Je faisais des vas-et-viens dans les allées du « Life » d’Osaka, un genre de supermarché deux étages comme seul le Japon sait en produire. Munis de nos téléphones, Julie et moi tentions de traduire ce qui était sur les boîtes d’emballage. « Je pense que je l’ai : « Porridge de riz » », me lance Julie. On regarde tous les deux la boîte, et les chiffres « 5-7 » présent en haut de cette dernière nous confirment qu’on doit avoir la bonne patente.

Depuis quelques jours, la lait 20% produit par Julie ne semblait pas suffire à l’appétit de Marine. Cette dernière avait commencé à regarder avec attention nouilles, riz et morceaux de viande que je portais goulûment à ma bouche depuis mon arrivée au Japon. Regardant fixement mes aliments, il lui arrivait presque d’ouvrir la bouche à ma place. Et je ne vous dis pas ce qu’elle faisait en me regardant boire de la bière.

Il faut le dire : plusieurs personnes de notre entourage questionnaient notre décision de partir en Asie avec un bébé de 5 mois. « Si elle tombe malade, vous allez faire quoi ? ». En primeur : Marine a eu la gastro à Kyoto. Ça a duré 12 heures. Et elle s’est moins plaint que Julie, ma mère et moi, qui l’avons attrapé le lendemain. « Vous allez les prendre où, vos couches ? ». Dans tous les pays que j’ai fait à ce jour, j’ai vu des bébés. Et savez-vous quoi ? Ils font tous des besoins ! Bref, y’a des couches partout sur la planète.

C’est confortablement assis dans notre appartement d’Hiroshima que Marine a pris ses premières bouchées de nourriture « solide ». Notre exposition à la rigueur japonaise n’avait pas réussie à nous enlever notre attitude « Gaga » de tout bon parent nord-américain. « Bravoooooo ! » lançais-je à Marine après chaque bouchée. Pis elle, elle me regardait de ses grands yeux ronds, l’air de me trouver pas mal niaiseux. Trois jours plus tard, Marine mangeait ses premiers morceaux de melon-miel à Fukuoka. Pis tout le monde est encore en vie !