C’est avant l’arrivée de Marine dans nos vies que j’avais fait l’acquisition des billets d’avion pour notre périple japonais. Loin de m’inquiéter sur la faisabilité du projet, il serait quand même faux de vous dire que je savais exactement ce à quoi il fallait s’attendre. J’avais roulé ma bosse à travers le monde dans les dernières années, mais je n’avais jamais eu d’enfant. Sans connaître Marine, j’avais quand même confiance que si la santé était au rendez-vous, on serait en mesure de vivre cette petite aventure ensemble.

Il serait aussi mensonger de dire que voyager avec un bébé ne change pas un peu les choses. Ces interminables soirées, glanées à parcourir les meilleurs bars de Bangkok, New Delhi, Beijing ou Mexico, sont devenues quelques peu choses du passé. Bien honnêtement, je commençais de toute façon à manquer un peu d’énergie pour répéter plus ou moins mes veillées de goûteur international des meilleurs alcools.

Plutôt que dans tel ou tel débit de boisson, je sirotais désormais ma bière du 5 @ 7 en préparant du porridge de riz dans une chambre d’hôtel d’Okinawa. Tout en m’égosillant sur des comptines de Passe-Partout (je les connais par cœur, désormais : merci Spotify !). D’autres compromis, amenés par Marine ? Pas rien que mon intelligence limitée me permette de mettre en relief.

Plutôt que d’amener des limitations à notre façon de voyager, Marine a vite imposé sa couleur à notre périple. Pis c’est une pas pire belle couleur ! Innombrables sont les japonais-es qui ont manifesté de l’émerveillement, qui l’ont prise, qui lui ont fait de la place dans leur minuscule restaurant. Et incalculables sont les fois où Marine, de son regard interrogateur, tentait de jauger toutes ces personnes, ces lieux et ces bruits différents.

Depuis 2014, c’est la première fois où je reste aussi longtemps dans le même pays. Et pour la première fois, je n’avais pas les jambes qui fourmillaient, au bout de trois semaines, du désir de changer de pays pour en voir un nouveau. Marine est en quelque sorte devenue une destination en soi, et ces cinq semaines au Japon n’étaient qu’un prétexte pour apprendre à la découvrir.