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Sipadan est une île grosse comme le parc le plus près de chez vous (à l’exception de ceux qui habitent près du Parc Jarry ou de tout espace vert de sa superficie). L’île, quelque part perdu dans la mer de Celebes, a été découverte par Jacques Cousteau en 1942. Au début des années 2000, elle fût déclarée officiellement comme un estuaire marin.
Sipadan est solitaire. Sa voisine habitée la plus proche, Mabul, est à une heure de bateau et on n’y retrouve qu’un village de pêcheurs, pauvre et miniscule, en plus de quelques écoles de plongées. Ce qui donne du caratère à cette petite île de Sipadan, c’est qu’en l’espace de 20 mètres, le fond marin passe à 600 mètres.
Comme une jeune fille, Sipadan est entourée d’un collier. Ce dernier est rose, mauve et d’une élégante beauté. Il est formé des plus suaves et exquis coraux, mis en valeur par une eau cristalline (quel beau verbe aie-je, aujourd’hui !). Quand Sipadan fut, en raison de la beauté époustouflante des eaux qui l’entourent, déclarée estuaraire marin, il fût décidé que seuls 120 plongeurs pourraient l’admirer quotidiennement. Pour assister à ce spectacle, il faut réserver son laisser-passer quatre mois à l’avance.
En raison des attributs spectaculaires de l’île, une faune marine époustouflante entoure Sipadan sans s’en lasser. Quand votre plongeur-aventurier s’y est retrouvé, la première chose qui a passé sous son attentif regard fut un banc de cinq requins. Effrayant ? Pas du tout ! On a tous été endoctrinés par Jaws, ou d’autres vecteurs de propagandes anti-requins ! Mais après en avoir compté 81, dans une journée de plongée, je peux vous garantir qu’ils n’ont rien de méchant. En fait, les requins aiment bien s’amuser autour des plongeurs, qu’ils regardent avec une amusante indifférence.
Sipadan est un joyeux joyaux, mais elle est menacée par l’épée de Damoclès de l’humanité qui pend au dessus de ses cocottiers. Les coraux, où jouent à la cachette tortues, requins, raies, tons et barracudas, ne sauront tolérer beaucoup plus d’augmentation du thermostat planétaire. Les requins, eux aussi, sont menacés. Des asiatiques les pêchent, coupent leur aileron et les remettent à la mer, baignant dans un mélange de sang et d’eau salée. Ça l’air que les restaurant fancy, partout à travers le monde, aiment servir de l’aileron de requin à leurs distingués clients…
Sipadan m’a fait comprendre que les requins sont moins dangereux pour l’humain, que l’humain pour les requins.