Ça nous est tous déjà arrivé. Se faire suggérer un restaurant, un CD, un bar, une ville parce que c’est tellement bien. Dans ce genre de situation, on se fait des attentes démesurées, on pense que ça va être le moment de notre vie. Pis quand on sort du resto ou qu’on termine l’album, on se dit que finalement, c’était ben ordinaire. Ou ben : pas comme on imaginait.
Le jour où Siem Reap a eu l’incommensurable honneur de recevoir deux party animals de calibre internationnal, je suis parti en patrouille de reconnaissance avec mon partner. De loin, on a pas vu grand chose et on se disait que pour le lever du soleil, ça serait bien.
5h30 le lendemain, je mets mes bobettes, mon t-shirt et mes short. La bouche un peu pâteuse, chaleur oblige, j’enfourche ma moto en direction du temple de Bayon. Sur les lieux, le gardien de sécurité nous interdit l’entrée : ça n’ouvre qu’à 7h30. Bien essayé, les blancs becs. On a donc rebroussé chemin en direction d’Angkor Wat, “the holy of holies”.
Cette fois-là, ça m’est pas arrivé. Angkor Wat est tout. C’est tout beau. Tout grand. Tout vieux. Tout propre. Tout plein de touristes mais on s’en fout. Tout majestueux. Tout sauf décevant. Mais (parce que oui, il y a un “mais”), c’était aussi tout éclairé du mauvais angle. Pas grave, ça nous a donné une raison pour y retourner la journée d’après !
Ça fait trois jours que je visite la place. Je pensais que j’allais m’écoeurer des temples. Mais j’ai appris, et je ne suis plus le jeune veau, en haut de la côte, qui regarde ses copines, là-bas au loin. Les temples d’Angkor, il faut les prendre comme un bon vin. Bon, je connais pas grand chose au vin, mais j’imagine qu’il faut pas se claquer une bouteilles à 200$ en 20 minutes.
La fin de ma troisième journée à suer les quatre litres d’eau nécessaires pour passer les 40 degrés celsius, j’étais rassasié. Et heureux. Je longeais la rivière, avec ma Suzuki 125cc. Pis je souriais. C’est à ce moment que a police locale, hargneuse et désireuse de se faire corrompre par quelques dollars, nous a intercepté. C’est 10 minutes plus tard, après avoir judicieusement mimé et parlé un anglais bébé-la-la, que mon porte-monnaie et celui de Richard a quitté les lieux. Indemnes. Pas d’amendes. Pas de pot de vin.