Arrivé à Marrakech après le vol le plus court de ma jeune histoire de backpacker (durée du vol – moment de sommeil = zéro), mon estomac résonnait de tout son vide. J’avais faim, j’avais soif, pis mes jambes grouillaient. Une couche de crème-solaire et une paire de sunglasses plus tard, Julie et moi avons entrepris d’essayer de retrouver notre chemin dans la medina (j’ai aucune idée ce que ça veut dire, mais on dirait que c’est la vieille ville !) de Marrakech.
Je sors ma carte. Droite, droite, gauche gauche et vlan. Les pièces de viande qui s’empilent sous le soleil brulant, les bonshommes qui manient leurs énormes couteaux me confirment que nous sommes rendus sur mechoui alley. Ici, pas de purel, pas d’assiette pis encore moins d’ustensiles (y’a pas de menu non plus !).
Trois choix s’offrent à moi : ¼, ½ ou un kilo. De ses doigts plus ou moins propres, le bon vieux dude me passe un morceau de la pièce de viande mechoui que je m’apprête à acheter. Le contrôle de qualité est important pour les marocains, et les amateurs du processus LEED pourraient en créer une nouvelle mesure. La viande goûte bon, pis je sais pas trop si c’est parce que le proprio venait de manipuler de l’argent avec ses mains. Je le prends, ton agneau, Youssef !
Julie et moi s’installons à la table en stainless. « La salubrité, c’est tellement une notion over-ratée », s’exclame Julie. Honnêtement, c’est pas mal plus propre que les food stall indiens de Varanassi ! Au même moment, je me détourne et vois que le gars à côté de moi a une pièce de viande très blance dans son assiette. Je lui demande « Chicken ? ». Il me répond en mimant que c’est du foie, s’empressant de me donner un beau morceau avec ses doigts. Je l’enfile goulument, savourant la tendreté de la pièce. Seul hic : ça ne goûte pas le fer, saveur traditionnelle de tous les foies que j’ai mangé.
Quelques heures plus tard, j’apprendrai j’ai englouti un testicule d’agneau.