«Bien, je peux pas vraiment Jean-Fred, j’ai de l’école à soir… ». Travaillante comme pas deux, Julie me rappelait encore à sa réalité d’étudiante du soir : un autre 5 @ 7 remis aux calendres montréalaises. J’ai été deux ans à tourner en rond dans la maison à la regarder transformer ses temps libres en heures d’études. Un bon matin de janvier, en regardant Pablo Escobar échanger un autre kilo de coke sur Netflix, j’ai eu un de ces rares moments épiphaniques.
Le lendemain, je contactais l’université pour voir si ma modeste candidature serait acceptée pour un certificat en espagnol. Au secondaire, j’avais flirté quatre ans avec la langue de Colon (à ne pas confondre avec le phrasé colon que mes proches me reprochent d’adopter). Je me trouvais donc très futé de faire croire à Julie que j’allais bucher aussi dur qu’elle dans ce retour à la scolarité !
Erreur. Quand j’ai reçu mon matériel didactique plus épais que la traduction œcuménique de la bible, j’ai vite déchanté. De mars à juillet, c’est Julie qui a dû prendre le relais de la majorité des repas. Et qui se payait ma gueule, le samedi matin, quand elle lisait le journal en m’observant égrainer mes livres hispanophones. Comme toute bonne québécoise, Julie se plaisait à me dire qu’elle connaissait l’essentiel de l’espagnol « Una cerveza por favor ! ». « On a besoin de quoi de plus, Jean-Fred, sérieux ? ».
Quelques mois plus tard, j’étais en train de siroter une de ces cervezas tout en regardant les spéciaux saisonniers des compagnies aériennes et textant mon chum Desautels, avec qui je pensais partir. Je disais à ma très vieille cousine que je venais de trouver des billets pour Mexico City. « Gab tripperait ben raide de partir avec toi ».
Rêveur et induit par ma récente expérience scolaire, je nous imaginais déjà déambuler tous les trois au pays de Santa Muerte.
« Lo siento, senorita ». J’adore appeler les grands-mamans « mademoiselle », et y’en a une charmante de 102 ans assise à mes côtés. Elle vient de se commander un vodka-jus d’orange, la coquine. Je me lève de mon siège, j’accroche un peu Gab. Je me tourne vers le fond de l’avion : Desautels est assis, en train de cuver son café cheminot. Dans deux heures, on atterrit à la Ciudad de Mexico. On prévoit vous en faire voir de toutes les couleurs !!
Et Julie, dans tout ça ? Faute de congés, elle est restée à la maison prendre soins des chats !
Merci des nouvelles xxx
Envoyé du iPad de RichiBoy 😝
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