Cinq heure du matin. Je suis assis. La veille au soir, j’avais enfilé plusieurs tacos, jouant avec les salsas comme si c’étaient des tangos. Devant Ricko et Gab, je me concentrais quand même un peu pour ne pas laisser transparaitre l’effet des canons salivaires qui tentaient d’atténuer le feu dans ma bouche. Les bières, elles, ne jouaient pas leur rôle de chaser comme elles le devaient. Seul le beignet, acheté à la pâtisserie avant de flancher devant le marchand de sable qui me garochait du zéro-trois quart dans la face, a réussi à un peu calmer le fuego mexicain.
Donc, assis sur le trône blanc de notre chambre, je constatais que tous les tacos passaient avec une certaine aisance. J’avais pas mal hâte que le beignet sucré suive le bal pour calmer le jeu. En vain. C’était le début spicy de l’aventure, et j’ai comme l’impression que ça allait se reproduire.
En fin d’après-midi, on écoulait tranquillement les onces d’un 5 litres de bière que Ricko avait tenu à acheter dans une cerveceria de Mexico. Regardant notre planning, on réalise tous les trois qu’on a un match de lutte libre auquel assister dans 20 minutes. Tout le monde avait le discours plus volubile qu’à l’accoutumée, jusqu’à ce que je passe la sécurité de l’Arena Mexico. Gab tentait de dialoguer avec le vieux gardien de sécurité, la barrière de la langue jouant plus en notre défaveur que son juvénile visage. Il venait de se faire confisquer notre caméra.
Plus préoccupé par le fait de ne pas pouvoir filmer les gentilhommes lutteurs masqués que par la perte de tous nos footings de la journée, j’ai fait signe à Gab de laisser tomber. Quelques secondes plus tard, nous étions en train d’hurler tout notre soul en faveur de Rey Cometa. Deux heures plus tard, rassasiés de lutte mexicaine pour les dix prochaines années, on ramassait le kodak à la gate de sécurité. Gab, les yeux brillants (de bière ou de lutte ?), semblait être prêt à se faire tatouer le masque de Rey Cometa.