Éric est un homme de sciences, quasi spécialiste de la météorologie. Digne descendant de Naustradamus, mais aidé de son téléphone, il étayait ses prédictions sur le temps à venir à Oaxaca, notre prochaine destination. « Tempête tropicale intense », « pluie diluvienne » étaient autant de superlatifs utilisés par notre comparse alors que nous étions à terminer nos bagages avant de quitter Mexico City.
Après une journée à profiter des mets et boissons oxacaquenos sans qu’une goûte ne vienne troubler la sécheresse de nos accoutrements, nous nous sommes réveillés sur un Oaxaca ensoleillé. Nous déjeunions paisiblement quand Eric a remarqué que les animateurs de télévision discutaient le plus normalement du monde d’un meurtre survenu la veille dans un bar de Oaxaca. Impossible de dire, toutefois, si le Gino Chouinard mexicain faisait référence à la Ville de Oaxaca, ou à l’état de Oaxaca. D’une façon ou d’une autre, l’état de ma chevelure était bien peu intéressante pour un éventuel scalpeur : je pouvais dormir tranquille.
Le même soir, Gab, Eric et moi étions attablés dans un restaurant de la ville. Gab venait de nous sortir une de ses savoureuses phrases : « Je pense que je boirai pas aujourd’hui, je feel moyen… Ah, finalement je vais prendre un Margarita ! ». Que ne ferait-il pas, pour impressionner les dames !
Tout à coup, mes sens tombent aux aguets. Des coups de pistolets sont perceptibles sur le toit du bâtiment d’à côté. Gab me regarde et me dit « As-tu entendu la même chose que moi ? ». Notre voyage au pays des narcos prenait une allure de plus en plus périlleuse. Il nous faudrait certainement commencer à prier…