J’ai perdu Julie

Quand je me suis réveillé ce matin, j’avais la bouche un peu pâteuse. À 8h30, mes yeux se sont ouverts sur une question : pourquoi étais-je couché du côté opposé où je m’étais endormi, quelque heures plus tôt ? Notre première journée s’était glorieusement terminée à l’accrocheur Lord of the Drinks, un bar-caverne thématique situé à deux-trois minutes de tuk-tuk de notre hôtel.

Réalisant que j’étais bel et bien dans la bonne chambre, je me suis retourné vers le côté opposé du lit. Stupéfaction. Une inconnue était couchée avec moi. Ne percevant aucun signe vital de son corps étendu à mes côtés, je me suis empressé de mettre mon index et mon majeur sur sa jugulaire. Mes réflexes de RCR sont revenus aussi vite que la sérénité dans mon état d’esprit. L’inconnue était bel et bien vivante, sa pulsation tournant frêlement autour de 30 BPM. Et elle ne m’était finalement pas si inconnue, cette femme que j’ai fini par reconnaître comme étant Julie, malgré ses airs cadavériques.

Parfaitement assommée par ses derniers cocktails au Lord of the Drinks, ma comparse n’avait pas les énergies nécessaires pour m’accompagner dans mon début de journée. J’ai donc ramassé mes penates, lui donnant rendez-vous 2h30 plus tard, espérant que des couleurs de vie puissent enfin habiter son visage. Après avoir visité un site astrologique, mangé un peu pis fait changer mon protecteur d’écran (payé 2$ pour exactement le même produit payé 20$ au Québec), je suis passé chercher ma comparse.

Ragaillardie, Julie m’a suivi jusque chez Hira Lal Chaat Wala. À cet endroit le monsieur qui m’avait vendu le kule chaat ayant entraîné mon extase gustatif de la veille m’a accueilli comme si j’étais son meilleur client. Le cook prenait un évident plaisir à me servir ses deux ou trois plats, tous exécutés d’une main de maître. Et Julie, elle ? Après avoir pris une bouchée et demi de son assiette, elle a abdiqué, laissant à mes mains ses restes afin qu’ils puissent devenir un exquis hamburger végétarien.