« Pis, le Maroc ? ». Richard, toujours aussi serviable et assidu, était arrivé à l’aéroport YUL pour nous accueillir. Définitivement, c’est le meilleur taxi de Montréal, et il compétitionne agressivement avec UBER. Face à cet interrogateur aguerri pour qui le monde n’a (presque) plus de secrets, j’ai essayé de rassembler mes souvenirs pour lui donner le meilleur portrait possible. Faut dire que nous n’étions partis « que » 10 jours, on n’avait fait « que » deux villes.
Mais deux semaines plus tard, en regardant dans le rétroviseur, je réalise que j’ai aimé le Maroc beaucoup plus que je voulais moi-même me le faire croire. Pourquoi ? Le midi où mes intestins se remettaient tranquillement des noix douteuses que j’avais mangées dans la rue, Julie m’a traîné dans un restaurant « italien » tenu par un chef aussi italien que Giovanni Apollo.
En plus de fournir mon estomac avec les pâtes aux tomates les plus friendly de mon histoire de voyageur, on a rencontré un vieux schnock français. « Le meilleur couscous d’Essaouira, c’est Mohamed qui le fait ». Je me souviens pu trop s’il avait commencé sa phrase par un cliché du genre « Du coup », mais on a décidé de lui faire confiance. Il arborait une belle barbe blanche, portait des lunettes et un foulard : bref, la classe !
Mais, vous savez, chercher Mohamed dans un pays musulman, c’est pas l’évidence même ! Et c’est là que je saisi toute la différence qu’offrait le Maroc. J’ai demandé à un marocain, croisé quelque jours auparavant, où étaient Mohamed et son couscous. Et il nous a guidé vers le bon endroit. Après notre expérience indienne, pouvoir faire confiance à un local parfaitement inconnu est une expérience multisensorielle unique.
Mohamed nous a accueilli comme si on était de la famille. À son très modeste « restaurant », pas de menu. Il nous demande ce qu’on a le goût de manger. Après quelques games de Skip-Bo (desquelles votre serviteur est sorti TRÈS victorieux) et deux heures d’attentes, Mohamed. Dans ses mains cornues, il tient un titanesque plat de couscous végétarien. Julie et moi, on aurait tellement aimé le finir ! Le lendemain midi, avant de repartir vers Marrakech, Mohamed nous attendait avec un plat de poulet au citron.
Le Maroc, c’est un criss de beau pays, Richard.